Le douglas : un choix intéressant, mais à raisonner
Si le douglas est de plus en plus présent dans nos forêts en raison de sa relative plasticité, des qualités technologiques et de la durabilité de son bois qui se traduisent par un prix de vente supérieur aux autres résineux, il convient cependant de préférer la diversité plutôt que l’exclusivité : rien ne prouve que le marché d’aujourd’hui sera le même demain. La biodiversité et l’intérêt économique sont des notions qui plaident plutôt pour une gestion raisonnée des peuplements.
- Qu’est-ce-que le douglas ?
Originaire d’Amérique, le douglas a été introduit vers 1 827 en France par le botaniste britannique David Douglas. Il fait partie de la famille des pinacées et malgré son nom d’origine « Douglas fir » et sa dénomination commerciale « pin de l’Oregon », il ne s’agit ni d’un sapin, ni d’un pin, mais d’une espèce botanique spécifique du genre « pseudotsuga ». Ce grand arbre peut dépasser 55 mètres de hauteur en Auvergne. Aux États-Unis, certains spécimens dépassent même les 110 mètres.
Le douglas s’est rapidement développé en Auvergne, puisque nous sommes aujourd’hui la troisième région française en terme de surface et de volume sur pied, le Massif Central constitue la plus importante ressource de douglas au niveau européen.
- Pourquoi le douglas ?
C’est l’intérêt commercial qui semble pousser le douglas à son développement : il y a quelques décennies, le prix du sapin de pays était supérieur à celui du douglas, mais cette tendance s’est aujourd’hui inversée.
Le douglas est à la mode. Son bois rouge est très prisé, notamment pour la construction de charpentes. Pour son cœur imputrescible, il est utilisé en bardage, par exemple pour les bâtiments agricoles, et sa forte résistance mécanique en fait un bois privilégié pour la construction (ossatures, lamellé-collé, vérandas…). Cet engouement explique son prix de vente intéressant. Aujourd’hui, les beaux arbres son vendus entre 50 et 75 euros le mètre cube réel sur écorce. De plus, le douglas a une croissance rapide qui fournit un retour sur investissement à court terme. Il est même possible de tirer des revenus dès la seconde éclaircie de la forêt, c’est-à-dire une trentaine d’années après la plantation.
Attention
Toutefois, cette essence ne doit pas être choisie au hasard : elle est bien adaptée à des altitudes de 600 à 1100 mètres, avec une pluviométrie minimum de 700 mm par an, et apprécie les sols profonds, frais et acides. Sensible aux sécheresses hivernales et aux gelées tardives, sa plantation doit être bien réfléchie. C’est pourquoi, avant de se lancer dans la plantation, il faut être certain que le douglas est bien approprié à la station où l’on souhaite l’établir. Il faut donc bien tenir compte du sol, du climat… Il faut aussi être sûr que la provenance des plants correspond bien à nos conditions climatiques : en Amérique, le douglas est présent du Canada à la Californie, soit 2000 kilomètres du Nord au Sud. Il existe donc plusieurs variétés selon les régions d’origine.
- Ne couper pas le blé en herbe
Depuis quelques années, nous voyons notre paysage évolué et changé, notamment par l’apparition de cônes de vision du fait de nombreuses coupes à blanc. En effet, bon nombre de peuplements sont coupés dans leur totalité. Issus de l’exode rural des années 1960-1970, ces boisements artificiels de l’époque sont aujourd’hui arrivés à maturité et peuvent dans certains cas être récoltés.
L’essence douglas, au même titre que l’épicéa, a été introduite à cette époque, en mélange souvent avec d’autres espèces. Le douglas a des capacités incontestables, en terme de réactivité. Il est notamment capable de grossier rapidement, même après plusieurs années de concurrence avec les arbres. En effet, ces boisements de douglas peuvent être améliorés au travers d’éclaircies c’est-à-dire par l’ouverture du peuplement. Il est possible de rattraper un retard de gestion. Actuellement, nous voyons trop de coupes rases de ces douglasaies âgés seulement de 30 ou 40 ans. Il est dommage de couper le blé en herbe.
- L’avenir de la forêt
De plus, sous certaines conditions, le douglas peut se régénérer naturellement ce qui permet de le conduire en mélange, avec de l’épicéa, du sapin de pays, du mélèze, de l’érable ou du hêtre ce qui favorise la biodiversité de nos forêts. La biodiversité, est un gage du bon fonctionnement des écosystèmes forestiers, et permet aux peuplements d’être plus résilients face aux intempéries et aux attaques parasitaires..
De plus, il est impératif de préserver nos sols forestiers et de ne pas les épuiser par une culture intensive, du fait du raccourcissement.
C’est pourquoi il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier : le douglas est intéressant, mais il ne doit pas occulter les autres essences, qui font la diversité de la forêt française.
Pensons aux générations futures, gérons nos forêts de façon durable.
B. Bois Forêts s’engage pour la forêt, au maintien de son équilibre naturel et du respect de ses capacités de production.
N’hésitez plus à nous contacter : Sylvain BARBE au 06 70 37 53 97